Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Danseuse chorégraphe Clown

26 juin 2011

Cadeau de noce

 

DSC_5525

" Cadeau de Noce" à la Maison des Etudiants (Poitiers) 

le 9 juin 2011 pendant le Festival Choukar

DSC_5493

Publicité
Publicité
10 février 2011

expérience de danse en Inde

  Madapalet  un village de pêcheur

 Mon voyage commence sous de bonnes étoiles car je rencontre dans la guest house où je suis hébergée  une française qui connait bien Pondichéry. Elle   me donne  une adresse d’école crée par des Français où je pourrais  réaliser mon projet toutefois ambitieux, celui de partager de la danse avec des enfants  défavorisés.

Je saute de joie à l’idée de sautiller  avec ces enfants, de rire avec eux, d’improviser avec un groupe. Je n’avais aucun doute  sur le fait que cela allait bien se passer mais j’ignorais comment j’allais m’y prendre.

Nous ne parlons pas le même langage, mais cela j’en avais l’habitude puisque je travaillais avec des personnes sourdes. Je démontrerai,

 je mimerai, je ferai le clown,

Qu’allaient-ils faire ? Je les appréciais déjà.

L'école se situe dans la petite ville de Madapalet (Tamil Nadu), à 10 kilomètres au sud de Pondichéry. Ce  petit village se trouve près de Taralakuppama, à quelques centaines de mètres de la plage. A.P.R.E.S.school est uneassociationdirigée par Noëlle et Yves Duteil. L'objectif  d’ « Après school » est de donner aux enfantsles plus défavorisésune éducation leur permettant de sortir de leur condition pré destinée. Cette école et aussi un lieu de vie qui  accueillent des enfants des ethnies tribales et  leur semi-nomadisme imposent un internat.1

Le 15 Janvier 2010 je rentre donc dans cette école  pas encore terminée où les enfants  se pressent près de moi  et montrent leur  curiosité  de savoir comment  ils vont  danser. Quelques semaines auparavant  j’avais rencontré Lionel et Martine directeurs de l’école qui ont acceptées très gentiment ma proposition en toute confiance. J’habite donc dans l’école dans une chambre prévue pour les surveillants.  Cela est confortable car la proximité des jeunes et du personnel me permettra de m’imprégner de l’ambiance, des élèves et de leurs habitudes de vie et d’apprentissage.

Lever ensembles, petit déjeuner est servi dans la salle commune, ainsi que tous les repas. Les bâtiments ne sont pas tous terminés et je ferai danser les enfants dans cette grande salle prévue pour les repas pendant une dizaine de jours. Un enseignant  en Education physique orchestre les rotations des groupes et comme il représente une certaine autorité, je parlemente avec lui pour obtenir des  groupes mixtes  avec le même niveau d’âge. Je ferai travailler  trois groupes  au total.

Le voyageur se laisse surprendre par l’inconnu, il s’y laisse même submerger  et c’est avec  cette  inconscience que je commence  mon premier cours.

Ils ne parlent pas encore l’anglais ; je ne parle pas leur dialecte. Ainsi toute tentative d’explication est vouée à l’échec ce qui donne un résultat plutôt comique car ils imitent tous pèle mêle mes gestes. Si nous imaginions quelqu’un  regardant   la scène  dans ce début d’apprentissage elle  se présenterait comme étant  plutôt  drôle.

J’essaie de les disposer en rond mais comme ils ne saisissent que mes gestes et les reproduisent, on a alors du mime sans sens et sans sons dans une joyeuse désorganisation.

Ainsi assez vite je borne l’espace d’évolution et j’explique comment ils vont traverser la salle en vague par souci de clarté.

Ici je me heurte à ma représentation de l’enseignement qui ne rentre pas dans leur coutume d’apprentissage. Je dois mettre du cadre.

 Me faire comprendre semble un obstacle à contourner pour réussir à communiquer.

Le langage du corps, oui ! Mais quand le but et la forme ne sont communément partagés.

 Inventer des gestes ? Sans modèle ? Pour aller où ? Pour quoi faire ? Comment ........

Ils sont toujours contents et mettent une foire désorganisée dans cette salle.

Comment leur expliquer que cela est un échauffement pour aborder une danse commune plus rythmée .Depuis bien longtemps dans la transmission de la danse et des pratiques d’expression  je ne mets plus les élèves en rang. Ils évoluent librement sur une consigne et cherche personnellement en étant guidé par l’enseignant.

Ils sont si beaux si vifs, je m’embrouille je souhaiterais avancer un peu plus facilement mais j’ai tout simplement  oublié le facteur communicationnel qui se conjugue avec des différences culturelles .Leurs représentations de la danse sont  si loin  de la mienne et de la culture du corps occidental.

Je réagis vite et comprends  que sans une éducatrice pour traduire je ne pourrais poursuivre et travailler avec eux efficacement.

Quelques minutes plus tard, une jeune éducatrice indienne  fine et sérieuse traduit  mes explications dans leur dialecte et sa seule présence rétablit l’ordre dans le groupe.

Je peux mettre alors une musique  proche des sonorités indiennes et je constate qu’ils bougent spontanément et rythmiquement ancré dans le sol. Cette qualité si difficile à acquérir ils la possèdent intrinsèquement. Savoir fléchir les jambes et avoir les pieds à même le sol donne  des sensations vivantes dans le déplacement et une légèreté aux appuis.

 Ce travail propre aux danseurs dans presque toutes les techniques de danse populaire, classique, ethnique,  permet immédiatement de se déplacer  avec vitesse et agilité : Etre dans le sol pour mieux  s’élever.

J’observe et je constate qu’ils ont cette aptitude à être dans le présent et dans la conscience, qualités essentielles à tous danseurs.

Quelle énigme ? Ceux la, n’ont jamais appris et pourtant les attitudes de danse que je leur propose ils les réalisent avec précision et justesse. Je découvre chez ces enfants car ils ont entre 6 ans et 13 ans, leurs potentialités à mouvoir leurs segments aisément en intégrant le geste dans un  prolongement d’espace. Ils   exécutent  des enchainements plein de justesse et de coordination.

Bien sure les rires, les gènes, se font entendre et voir. Les  garçons et filles se mélangent dans ce cours.

Le voyageur  pour  saisir les habitants d’une nouvelle contrée doit  déposer ses préjugés aux vestiaires. Son regard de curieux  a l’obligation de rester naïf et neuf  pour mieux découvrir  ce que les autochtones  peuvent lui apprendre.

J’ai enseigné pendant de nombreuses années à des populations bien diverses en passant par des personnes handicapées, des personnes aux troubles graves du comportement, des sourds, des aveugles, des professionnelles de la danse contemporaine et ces petits enfants me surprennent et me  touchent par leur qualité instinctif du mouvement.

Cette expérience restera gravée dans ma mémoire.

Quelque chose  de surprenant m’apparaît, le mouvement porte quelque chose de sacré en soi. Ce n’est pas un  hasard si toutes les danses du monde se réfèrent à des entités de

L’au-delà. Dans cette région de l’Inde la danse de référence se trouve être le Bharata natyam qui est une forme de danse classique indienne originaire du sud de l' Inde.

Avant même que je mette la musique les filles et garçons sont dans des postures  de danseur (ses) et  déesses indiennes et évoluent avec des mouvements empruntés à cette danse classique ancienne. Nous pouvons nous questionner sur quelles représentations ces jeunes enfants ont retenues de ces figures sacrées.

La danse est le mouvement de l’âme.......


23 juin 2010

lettre à mes élèves

 l’acte de danser.

Lorsqu’on décide d’aller à un cours de danse on a dans ses représentations un certain nombre d’images de danse mais aussi un certain nombre d’image de soi qui se juxtaposent à ces représentations.

Ainsi lors de l’expérience corporelle on se confronte à ce que l’on pense  de soi, du beau, du geste, de l’enseignant, et du groupe.

En fait l’acte de danser pose l’action d’exister auprès de l’autre, des autres et de savoir ce que l’on veut faire avec son corps.

Les séances apportent de nouvelles sensations heureuses mais aussi déroutantes.

Les questions nombreuses qui se posent aux pratiquants peuvent être :

Mais qu’est ce que je fais là ?

Qu’est ce que l’enseignant me demande ?

Est-ce que  j’arrive à faire ce que l’on me demande  ?

Pourquoi c’est étrange, mais cela m’intéresse encore ?

Il y en a bien d’autres………..et vous pouvez en rajouter à la liste.

Et voila que le mental se met à agir et à questionner le sujet en voulant comprendre, maitriser et contrôler son propre corps.

«  Je me suis  inscrit pour apprendre alors il convient que ce soit sérieux et exigeant sinon je n’apprends rien… et je veux progresser…….. »

Cette petite phrase guide le débutant qui met toute sa volonté à s’appliquer pour répondre à la demande.

Faisons- nous de la danse pour maitriser davantage et produire du juste, du beau, du normal ?

Ici se confrontent les pensées pragmatiques des jeunes danseurs et les objectifs de l’enseignant.

Pour ma part le partage, dans les ateliers, l’important c’est que les exercices proposés ouvrent  à de nouvelles sensations sur soi, sur sa sensibilité, sur son vécu, sur son projet au mouvement.

Pour l’instant je ne parle même pas de danse mais de mouvement.

« Est-ce que je me vois belle dans ses jeux de corps ? » 

« Est ce que je ne voudrais pas plutôt reproduire un geste joli présenté par le professeur ? »

 Là s’effectue un énorme dilemme car le jeune danseur sait qu’il a en face de lui une professionnelle qui connait une certaine danse et des beaux mouvements et c’est donc plus simple pour lui  alors, de les reproduire.   

Dans son mental  il ne se fait aucune confiance et il veut apprendre une belle danse afin de maitriser son corps. Il ne lui vient pas à l’idée qu’il peut faire ses propres mouvements  et s’approprier avec conscience son mouvement dansé unique et singulier.

La danse contemporaine nait de ce que chacun vit dans ses mouvements, ses éprouvés et les reconduit avec des intentions  précises, dans un projet commun et construit autour d’une certaine chorégraphie dirigée. Ce processus là demande d’une certaine façon  de s’aventurer à lâcher ses propres représentations et à découvrir de nouvelles perceptions de l’intérieur de soi  sans référence à une image imposée par un modèle.

Etre dans la danse n’est pas si facile que ça, c’est être dans le présent.

 Bien sure s’exercer dans cette voie là, demande du temps, de la persévérance, et de la répétition. Dans une année on ne peut pas changer ses habitudes de penser, de bouger et de regarder. Le temps fait son action dans cette pratique et  les transformations se passent et ailleurs où on les aurait espérés.

 La, réside, toute l’énigme de l’être.

Personnellement j’aime à regarder les jeunes danseurs, je veux dire ceux qui ne sont pas professionnels et qui débutent cette pratique, comme loisir une fois par semaine.

Quand je vous regarde bouger, évoluer, danser, je vois des humains si vrais,  si justes et si touchants que vous  m’émouvez…………………………………

Là, je trouve toute la beauté des genres humains dans cet instant de regard.

Je vois des hommes qui s’élèvent au rang d’artiste car ils donnent leurs générosités aux spectateurs et la face cachée de leur bonté d’âme.

 Dans ces instants là, ils sont si vulnérables et si magnifiquement beaux dans leur présence.

14 juin 2010

Spectacle de danse :Vue d'en bas -Vue d'un haut (12 personnes mal entendantes et mal voyantes) accompagnées par deux musiciens.

 

DSC_3381

 

DSC_3386

 

DSC_3392

 

DSC_3395

 

DSC_3409

DSC_3429

DSC_3440

DSC_3495

DSC_3347

P1010491 (1)

P1010569

P1010649 (1)

P1010622 (2)

P1010673

26 juin 2009

Vue d'en bas, vue d'en haut

DSC_3380

ADRS / EMF - Chorégraphe Dany Beltran / Laurence Barrault

Crétaion Musique Patrick Tréguer et Mathieu Grattedoux - Poitiers

"Que faisons-nous de notre petitesse et de notre grandeur ?

Ce spectacle invite au voyage d'une traversée imaginaire de nos états grands et petits"

 

DSC_3386

 

DSC_3411

Photos prises par Fred P à la Maison des Etudiants de Poitiers

 

DSC_3426

 

DSC_3434

Les Accessifs, le 27 mai 2011

DSC_3481

 

DSC_3491

 

 

06-03 Vue d'en bas 41

Soirée de clôture du Festval Choukar 2010 à la Maison des étudiants (Poitiers 86)

06-03 Vue d'en bas 72

Publicité
Publicité
23 juin 2009

La démarche au sein de l'adras(Association pour le Développement Artistique)

 

Nous sommes danseuses chorégraphes, notre lieu de réflexion sur l’humain c’est le corps. Nous l’observons, nous l’interrogeons, nous le travaillons. Nous cherchons une mise en scène qui nous permette de dévoiler sans complaisance ni concession les mouvements et les tensions les plus intimes de notre vie intérieur. Le vécu émotionnel occupe une place importante dans notre démarche. Les corps sont présents mais intégrés à une conception artistique globale où la lumière, l’univers sonore, l’objet, le vêtement sont autant de partenaires indispensables.

Nous avons toutes les quatre travaillaient avec des populations très stigmatisées par la souffrance  et cette création est le résultat d’une quête artistique  où nous sommes constamment en face à face avec l’inavouable fragilité de l’humain.

Nous construisons une véritable "expression" de la personne au travers d'une approche qui essaye autant que faire se peut d'ouvrir sur l'imaginaire de chacun, sur la singularité  de chacun en cherchant à y contacter  le moindre petit "mouvement fondamental" pour capter l’émotion qui se glisse derrière nos apparences corporelles.

 La Mixité dans la création - La rencontre avec l’autre.

  Chaque individualité est respectée dans sa corporéité et peut devenir force de proposition. Tous les danseurs sont encouragés à inventer, proposer, discuter les choix artistiques. Cette variété des acteurs nous amène à rechercher une attitude d'adaptation réciproque qui produit une diversité gestuelle, et une richesse créatrice.

Face à l’acte créatif, les personnes handicapées et les valides se trouvent dans la même problématique, invités à prendre le même risque. Le fait de travailler avec la différence nous amène à saisir nos failles nos tensions nos souplesses de transformation pour en construire une recherche artistique nouvelle souvent déroutante et imprévisible.

Le processus créatif bouscule et modifie ainsi le regard porté sur la personne en situation de handicape en constituant un mode de relation et de communication et d’échange plus égalitaire.

21 juin 2009

Petites scènes intimes

L'expérience de cette histoire commence à Oiron (86) festival danse et musique amateur dans la région de la vienne. Nous présentons une scénographie improvisée autours du sommeil de 20 minutes. Une vingtaine de personnes peuvent regarder cette scénette car la salle est petite. Nous faisons trois réprésentations et les encouragements nous amènent à poursuivre le travail de la chorégraphie de manière un peu plus approfondie.

Un an plus tard " Petites scènes intimes" sera présenté dans L'Espace Mendès France avec la collaboration de deux musiciens sur scène (Patrick Tréguer et Matthieu Grattedoux)

 

77362426_p

 

77362430_p

 

77362773_p

En répétition EMF Poitiers (2007)

77362808_p

 

petites scènes intimes

 

Ces deux femmes se ressemblent-elles ?

Elles ont sans doute des joies, des colères, et des soupirs en commun.
Elles ne peuvent se parler car elles ne possèdent pas le même langage.
Le langage des corps devient leur langue des signes ainsi elles se soutiennent dans leur déplacement personnel.
Elles se soutiennent dans leurs déplacements, c’est ainsi que le langage des corps devient leur langue des signes.
L’une parle, l’autre pas.
L’une entend, l’autre pas.
L’une danse, l’autre possède des difficultés motrices.

Attitudes incertaines, déséquilibres, doutes, elles se délectent à recevoir une partie du corps de l’autre sentant que quelque chose les amuse.
Sans mot, sans explication elles se touchent, se repoussent, se cherchent mais toujours avec une conscience aigue que les segments de l’autre pourraient se briser détacher sur le sol…

A y regarder de plus près……
Un dos cassé se déploie avec lenteur mais non sans force. Un bras qui n’obéit pas à la commande du sujet. Une tête qui ne peut s’arrêter d’osciller .Cette femme danse dans sa totalité et sa fragilité provoque le déséquilibre intérieur de l’autre.
Dans ce corps à corps elles se confrontent à leur image et déforment de leur rencontre les images reçues.

Un rêve pour chacune d’elle se déploie sur la scène.
Le rêve d’être princesse s’engouffre dans ces images de femmes.
L’illusion d’une scène et le miroir se casse pour n’envoyer que des images inversées.
Les insignes des silhouettes cachent les ressentis mais leurs danses viennent d’un désir profond retenu depuis la nuit des temps. Ainsi s’affiche la magie d’une danse entre deux femmes qui a priori tout sépare.
Pourtant elles se ressemblent
Porté par l’ECM en partenariat avec le Service Culturel de l’université de Poitiers dans le cadre de l’opération « A chacun son corps » et en coproduction avec l’Association pour le développement des rencontres artistiques et sportives dans le cadre des spectacles accessibles aux publics empêchés (en tant que publics spectateurs, lecteurs, mais aussi acteurs).

 

psi_007

 

19 février 2009

Oser mettre un corps autre sur scène

 

«Petites scènes intimes» est une création chorégraphique où la différence s’expose. Ce duo est issu d’une rencontre entre une femme mal voyante et mal entendant  travaillant dans un Etablissement et Service d’Aide par le Travail et une danseuse chorégraphe professionnelle. Le travail s’est construit dans un atelier de danse contemporaine mis en place pas l’ADRAS au Centre d’animation de Beaulieu à Poitiers et avec la collaboration de L’Espace Mendès France (Centre de recherche multi média).

 Synopsis.

« Deux femmes semblables : des joies, des colères, des soupirs en commun.

Mais deux femmes différentes : L’une parle, l’autre pas.

Leur corps devient langage, leur danse discours.

Elles se cherchent, se touchent, se repoussent toujours avec une conscience aiguë du corps de l’autre.

Déséquilibres, attitudes incertaines, elles se soutiennent dans leurs mouvements.

Un dos cassé qui se déploie avec lenteur mais non sans force. Un bras qui n’obéit pas à la commande. Une tête qui ne peut s’arrêter d’osciller. Une danse dont la fragilité interroge l’autre qui se fond dans l’intimité des mouvements saccadés et incertains.

Dans leur corps à corps elles confrontent leurs images, les déforment et les inversent dans un jeu de miroir.

Pour chacune d’elle leur danse vient d’un désir profond retenu.

Pour chacune d’elle un rêve se déploie sur la scène.

Deux femmes semblables et différentes… »

 

Spectacle de danse de 40 minutes  que j’ai construit avec Nelly où  deux complices musiciens nous accompagnent.

Cette histoire  se déroule en 2007.

Je relate cette aventure palpitante que j’ai partagée avec  ma partenaire, Nelly personne profonde et heureuse, Ambroise  personnage attachant et aimable, le traducteur et éducateur de Nelly, Matthieu musicien dont la sensibilité me touche énormément, Patrick musicien  dont le sens humain traverse ses sons.

 

Les musiciens m’ont soutenue et l’équipe de l’association m’a encouragée à construire ce spectacle.

 

Ca y est, ce spectacle est fini. Nous en sommes satisfaits et l’accueil du public est chaleureux. J’ai tellement espéré l’aboutir qu’après ces moments de coordination et de mises au point scéniques c’est le doute  et le manque qui s’installent à présent. Plusieurs mois se sont succédé avec l’équipe  des musiciens pour coordonner les axes de la création. Entreprise difficile car je ne parle pas la langue des signes mais avec Nelly nous nous comprenons dans le corps. Nos idées ont convergé et le fil conducteur est arrivé facilement. Ce qui semble presque étonnant. Quand on pose l’exercice d’une création  ce sujet suppose toujours beaucoup de discussions et de remises en cause. Nous souhaitions un spectacle efficace où  deux femmes  sont en prise  avec leurs vêtements de femmes au quotidien. Aventure pleine de risque que je considérais à l’époque  comme périlleuse compte tenu du handicap de Nelly et de sa difficulté à se tenir debout.

 La création artistique  est complexe mais donne sens à notre humanité.

C’est ce qui me guide.

 Nelly réagit bien aux entraînements. Je la protège.

Je règle les éclairages lumières sans elle pour lui éviter  de la fatigue.  Toutefois toutes les décisions esthétiques et techniques sont discutées avec elle en présence d’un traducteur en langue des signes afin qu’elle en prenne connaissance et puisse dire son avis. Des contraintes de communication se  rajoutent aux contraintes habituelles d’une création. Cette mise en scène est faite sur mesure pour elle et pour moi. Bien sûr c’est moi qui en ai eu l’idée mais nos discussions ont amené le synopsis et le fil conducteur s’est construit à quatre nous pourrions dire à cinq car Ambroise qui connaît bien Nelly était d’un tel soutien  que son regard nous était précieux et indispensable.

Nous en sommes à notre troisième représentation et le public est touché par la qualité de nos relations et l’authenticité du propos que l’on développe à quatre  sur scène.

De bonnes critiques. Cependant certaines personnes au cœur sensible sont troublées  dès le début par le corps tordu de ma partenaire mais goûte  ensuite tout au long du spectacle à la sensorialité et véracité de nos corps entremêlés.

 

 Après une semaine de résidence, nous jouons notre troisième représentation et  j’en garde  en mémoire encore  un goût amer attaché à ce soir-là.

Cet événement me satisfaisait mais m’agitait beaucoup de l’intérieur.

Comme avant chaque spectacle j’étais très échauffée et en forme pour monter sur scène.

Ma vivacité et le goût pour ce spectacle me faisaient entrevoir avec enthousiasme  la rencontre avec le public.

Lorsque nous démarrons  j’interviens de manière humoristique en  demandant   au public si une personne  veut bien réveiller  ma partenaire avec mon téléphone afin qu’elle se réveille grâce au voyant lumineux de l’appel.

Quand nous démarrons la danse la concentration  fait son œuvre, musique et lumière ouvrent l’énergie nécessaire à ce spectacle.

Au bout de  dix minutes  de scène  je rencontre le corps de Nelly et comme nous sommes très proches pour une danse  fusionnelle et combative je découvre qu’elle est  considérablement diminuée dans ses actions.

Elle me semble  faible et fragile.

Telle une bougie prête à s’éteindre elle vacille et ne me touche que très légèrement et sans force. Son attitude me fait vite comprendre  qu’elle joue sans énergie et aisance.

Son équilibre toujours précaire m’apparaît comme  instable et sans réfléchir  nos corps se rajustent et se calent l’un sur l’autre. Ainsi dans notre scénographie le combat se mime et je feins de la pousser  alors que la scène  est un affrontement physique avec contact et distribution de forces.

Mes sens s’adaptent et je sens musculairement et intuitivement qu’elle n’a pas de ressource mais danse tout de même la partition  sans brio.

Donc je pousse dans son corps tout en continuant à la soutenir, les tirés deviennent poussés et les poussés deviennent soutiens.

Stratégie corporelle. Déboussolée devant  sa présence si faible j’essaie de donner teneur à nos échanges mais les questionnements m’assaillent tout en dansant.

 Elle est bien là  pourtant, souriante, sobre, coléreuse ou impassible comme le scénario l’exige mais ses forces n’y sont pas.

Nous poursuivons dans un état de conscience et de présence appliquées, soutenues par la musique et l’énergie des musiciens bien accordés à nos déplacements.

Nelly est une danseuse intuitive, créative et énergique où tous les déséquilibres de son corps handicapé  sont gommés par la compréhension féline de sa danse.

Hélas ! Nelly n’est pas dans l’énergie que j’attends et mes mouvements  dansés coordonnés aux siens  sont dans l’attente de ses réponses qui ne viennent pas.

Inhabituels et pourtant compréhensibles.

Elle est trop fatiguée et n’a pas su dire son épuisement des jours précédents à subir l’entraînement du corps. Ses réponses sont lentes et notre improvisation s’appauvrit. Ce duo a été construit sur la dualité de ces deux corps ; j’ai besoin d’elle pour la porter, la soutenir et elle  a aussi besoin de moi pour me soulever et me repousser. Nous poursuivons  dans le scénario et suivons scrupuleusement le déroulement de notre spectacle.

 Sa mémoire lui fait jouer le spectacle sans autre difficulté mais nos séquences de corps à corps que nous apprécions tant en répétitions  sont  ébauchés et non engagés avec force et détermination.

Vers la fin du spectacle tout en dansant je comprends que Nelly est épuisée et qu’elle n’a pas pu me prévenir de sa fatigue. Sans doute  a-t-elle voulu l’ignorer pour danser ce spectacle qu’elle adore.

Ainsi surprise et décontenancée par son immobilité je propose des réponses  corporelles mais je suis pleine de doute ; ce n’est pourtant pas le lieu d’effectuer un solo. J’improvise dans un état second où je sais que je ne veux pas que nos rôles soient disproportionnés car l’écriture de cette danse était justement une partition à deux. 

Comment réagir  sans prendre l’ascendance sur  le plateau alors que nos danses mêlées et entrecroisées fonctionnent jusqu'à présent.

Mes pensées  se mélangent alors que j’amorce la séquence finale où la pulsation musicale est à son plus vif tempo. Je joue de cette solitude avec sa présence à mes côtés presque immobile mais bien là. Nous sommes bien connectées ; elle est vraiment ma partenaire de cette danse mais dans une gestuelle minimalisée.

Sans énergie, elle reste au sol.

Finis les portés à  deux  et les reptations communes,  je décide d’écourter cette partie-là.

Les musiciens eux, sont très à l’écoute de nos évolutions ainsi ils saisissent que la fin  du spectacle approche et l’amorcent  musicalement, tranquillement et harmonieusement.

Mêlée dans des sentiments diverses je poursuis ce spectacle dans une montagne d’énergie qui me traverse et qui était  sans doute contenue depuis si longtemps. Mais je reste immergée d’énigmes devant  l’absence de réactivité de ma partenaire.

Je m’en veux de ne pas avoir compris Nelly. Cette  jeune femme inhabitée à des entraînements physiques soutenus et devant l’enjeu de cette prestation  ne pouvait  saisir  les signes de sa propre fatigue.  Bien évidemment la question lui a été posée  nombre de fois. Mais sa volonté a fait le reste. Elle n’a pas pu dire  sa fatigue, inconsciemment  préférant la nier pour être sûre de jouer le spectacle.

Simple pourtant à comprendre……..

Nelly, jeune s’est déplacée en fauteuil roulant. A l’âge de 33 ans elle ne veut pas s’en servir mais  sa cambrure anatomique et sa plasticité motrice la mettent dans de grandes instabilités motrices. Elle contrôle  ses mouvements involontaires qui la parasitent sans cesse. Pourtant elle sait être d’une grande précision et sa présence  fait d’elle une danseuse originale.

Elle commence  la danse  dans son établissement avec des éducateurs .Elle apprécie le mouvement mais c’est à l’âge de 33 ans qu’elle rencontre la danse Contemporaine et en saisit très vite la finesse des actions et la pertinence d’un dialogue tonique.

Soirée chaleureuse où les spectateurs ont apprécié notre prestation pleine d’émotion et nous sommes satisfaites d’avoir réussi cette performance.

Peu  de personnes ont perçu le décalage entre ce que nous voulions donner et ce que nous avons exécuté dans notre interprétation. Le public  est enthousiasmé par notre histoire et la force d’humanité que met en scène notre danse.

Nous en sommes satisfaits.

26 juin 2008

Souffles

CESMD Poitiers Novembre 2008 

12 danseurs mal voyants et mal entendants et un danseurs professionnel accompagnés par deux musiciens Patrick Treguer et Matthieu Grattedoux

77362148_p

Photo Sébastien Duguy

29 juin 2006

Animatrice de Danse-Peinture en collaboration avec Evelyne Chascal (artiste peintre)

2008 - " Trace Corporelle, trace picturale" avec les enfants de l'IME "Mauroc

image peinture

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4
Publicité