un Week end avec "Autres Climats" Une danseuse qui s'exprime

Rencontres hors du commun

« Autres climats » 21 22 novembre Massy Palaiseau

Voilà mes mots, voilà mes pensées.

Ici je ne relate pas un compte rendu de cette manifestation vécue ce week-end, j’essaie simplement de mettre des phrases sur ce que j’ai ressenti à partir des personnes  entendues, croisées  et vues sur ces deux jours.

Une surprise ; nous étions peu nombreux et pourtant une grande densité dans les présences. Une certaine représentativité des pays du Sud, de notre planète, marque l’intérêt de cette démarche.

 Des personnes venant du Mali, du Congo, d’Argentine, des Comores, d’Afrique centrale, d’Inde, de France et des Roms se sont exprimés sur les minorités qu’ils défendaient.

Ainsi, de voir s’exprimer ces groupes si éloignés géographiquement  et pourtant soucieux d’engager de nos jours, un autre climat social, me fait chaud au cœur.

Ces rencontres, débats et discussions souvent peu formels m’ont traversé affectivement.

J’étais attentive et surprise de percevoir que les présentations  exposées  si différentes   me touchaient profondément.

 La clarté des exposés précis et concis  étaient énoncés par des ingénieurs, des professeurs, des responsables d’ONG, des philosophe-éducateurs , des personnes aidantes, des artistes, des reporters, des photographes d’origines bien diverses. Ces paroles  dites dans ce lieu peu ordinaire étaient vrais, justes et défendaient une cause.

Celle d’une autre vitesse dans  nos sociétés, d’une plus grande équité, d’une éducation plus égalitaire.

Voilà ! Ces mots (société, équité, éducation, égalité…) si souvent écrits, si souvent dits, prenaient un autre sens dans ma tête. Toutes ces personnes ont témoigné d’un engagement sérieux auprès de populations riches de leur culture mais broyées par notre système d’exploitation.

J’avais envi d’embrasser toutes les causes.

 Ma participation en tant qu’artiste, a été aussi présentée par des images du film d’Ambroise et de Madeleine. Celui-ci a fortement touché les esprits par la vivacité et la sensibilité des expressions de chacun.

Ma mission est humble : mettre sur scène ceux qui n’ont pas la parole (sourds, psychotiques, aveugles et mutiques). On leur demande rarement ce qu’ils pensent et cependant ils nous surprennent à exprimer avec leurs corps la profondeur des causes perdues.

Mes actions m’ont paru tout à coup décalées.

Mes élèves, bien qu’exclus, ne vivent ni dans la précarité, ni dans la pauvreté. Le cadre de mon de travail, avec ces personnes, est stable et sécurisant. Les lieux sont confortables et ce genre d’engagement est bien compris par chacun  même si je lutte pour que le regard change sur la difformité. Notre consensus moral défend dans une certaine mesure la cause des personnes en situation de handicap, même si il y a un  retard en France à rattraper.

Nous avons été fiers de montrer notre film intitulé : « culture et agriculture  en Inde ».

Mais que dire après l’exposé d’une malienne qui défendait les femmes victimes de l’état de guerre de ce pays parce que  violées depuis 20 ans  et depuis bien plus longtemps à mon sens.

Le témoignage d’une personne d’Afrique centrale parlant de la situation des Pygmées et de leur extermination, nous ramène  à de grandes causes. Cette association internationale œuvre pour la paix. Par cette voie nous prenons conscience de notre petite existence bien confortable au regard de ceux qui risquent de disparaître en même temps que les forêts.

Nous avons tous un rôle à jouer.

Chacun avec  un rôle à jouer  dans cette participation « Autres climats » mais les causes humaines  variées sont parfois défendues dans des conditions plus ou moins périlleuses.

C’était le but de ce genre de rencontres. Mettre en présence des gens partageant l’idée d’un autre climat éducatif, artistique, social, écologique,  environnemental, pour demain.

Le décor de ces rencontres s’est fait autour de Massy Palaiseau, dans différentes salles et avec une grande convivialité. On pourrait même dire : nous étions accueillis par une grande famille de Roms. L’association Intermèdes Robinsons  s’occupe d’éducation et œuvre avec une pédagogie globale pour travailler dans des contextes de crise et de précarité. Leur accueil dans leurs locaux pour la soirée du samedi soir nous a conduit dans une grande famille où chacun a pu manger et rire danser sur des musiques du monde avec joie.

Où sommes nous ?

Très loin des codes dits ordinaires de colloque, de discours, d’échanges et de pensées bien dites, bien pensantes.

 J’étais à ma place. Aujourd’hui je souhaite poursuivre cet engagement afin que plus de personnes nous rejoignent sur des projets qui nous semblent importants.

Parmi les thèmes abordés dans notre chartre, j’en énoncerais trois.

*Un point important : éviter l’isolement des actions en les relayant afin qu’elles se poursuivent. Le danger est que l’usure fasse tarir les actions.

* Un point qui me sensibilise aussi :le cloisonnement des pratiques et des pensées clôturent les univers. Nous ne sommes pas uniquement  des éducateurs où artistes, où directeurs d’ONG où politiques où écrivains où agriculteurs……..Nous sommes et représentons un tout et le tout est en nous.

Je crois fortement à cette idée. L’égo nous amène dans des milieux sociaux que nous affectionnons et en ce même lieu nous cloisonnent.

 Ainsi ce que je vis dans un groupe de travail, je le vis aussi dans mon quotidien, dans la rue  et à tous les instants de ma vie. Nous sommes ce que nous faisons.

* Le troisième point important, est d’éviter les déconnexions. Ceux qui pensent n’agissent plus. Le bas et le haut doivent être liés. Nous sommes enraciné avec nos pieds et nos convictions doivent se traduire par des actions. Etre uniquement dans le conceptuel c’est  perdre le réel du vivant.

 Des réflexions, des pistes, des idées, des remous, des envies, tout s’agite à l’intérieur.

Qu’est ce que j’en pense, à présent ?

J’ai aimé ces partages et la présence de ces personnes souriantes et porteuses d’espérances.

Ah ! J’ai oublié il y avait la participation de jeunes avec nous autours de nous. Ils ont pris la parole…………………………………C’était réconfortant.

Deux jours hors du commun….., hors du temps,……….. hors modèle……………

Des contacts, des liens  se sont établis et j’espère que ce collectif « Autres Climats » grossira.