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Danseuse chorégraphe Clown
10 juillet 2012

Danse et différence

  Des corps abimés

Sur Poitiers nous sommes une région accueillant beaucoup de personnes sourdes et aveugles ayant des troubles associés, c’est –à-dire des troubles de la communication et troubles de la personnalité. Ces nombreuses personnes sont dans des établissements spécialisés et poursuivent pour certains, une éducation scolaire, pour d’autres des apprentissages et pour  les plus fragiles des foyers d’accueil les hébergent.

Ainsi en ouvrant un atelier  pour personnes vivant ces situations de handicap,  nous permettions à chacun de vivre une expérience agréable et positive de loisir. Cette pratique qu’est la danse s’effectue  dans un centre socio culturel de la ville de Poitiers loin de leur établissement. Cette activité est éloignée de leurs activités  éducatives quotidiennes.

Nous les faisons danser dans une très belle salle de danse appartenant au centre de Beaulieu très attitré à la danse contemporaine qui possède une des plus belle salle de spectacle  de la ville.

Le goût de l’énigme.

Comment une personne qui ne voit pas et n’entend pas, peut-elle se représenter la danse ?

 Pour certains la vue a existé et ils essaient  de vivre avec cette incapacité qui  invalide leur quotidien. La cécité se rajoutant à la surdité  leur amène souvent  angoisse et désespoir dans la vie de tous les jours. Cependant ils goutent à de nombreuses activités dans leurs établissements spécialisés et quand les éducateurs leur parlent d’essayer une activité artistique comme la danse, ils tentent de venir pour découvrir.

La première situation pour moi  consiste à ce  qu’ils se détendent. Toute personne vivant dans les rythmes quotidiens de nos civilisations, est pressée, guidée par le temps, oppressée par les déplacements collectifs et les exigences du social.

Pour se concentrer sur sa conscience corporelle, une nécessité d’être libre dans le moment présent et de prendre soin de soi s’impose. Cela, déjà est une notion difficile à accepter pour chacun d’entre nous et à mettre en acte.

La pratique de la danse se situe dans un hors temps.

Nous commençons nos entrainements par  de la détente et encourageons qu’ils soient dans le  bien être  du  jeu, le je du corps.  Cette idée  de bien être constitue une expérience à vivre pour eux et nous essayons d’enrichir la palette des sensations.

 Sentir ses tensions, connaître ses segments, sentir ses mobilités articulaires et musculaires. Dans  les premiers instants de leur nouvelle pratique, ils se questionnent  mais ils glissent doucement vers notre démarche distrayante.

Le temps fait compréhension  à  ces interrogations .Une personne qui ne voit pas et ne sait pas où elle  doit se diriger, appréhende la situation d’expérience corporelle avec beaucoup d’appréhension. Mais quand elle resitue l’espace où elle va  évoluer et qu’elle reconnait avec sympathie ses partenaires de danse,  une nouvelle  communication corporelle peut s’installer.

Un corps à corps à déchiffrer.

Nous recherchons l’expérience de la détente et du lâcher prise dans nos échauffements corporels. La compréhension de ce relâchement physique  va pouvoir s’effectuer pour chacun avec du temps et de la patience. La danse contact est une façon de faire comprendre le poids du corps et la distribution d’énergie  entre deux personnes. La contact improvisation (CI) est une pratique dansée dans laquelle les points de contact physique entre au moins deux partenaires sont le point de départ d'une exploration à travers des mouvements libres.

Au-delà des simples points de contact physique, entre en jeu le contact global (auditif, kinesthésique, perceptif/énergétique et même affectif) du danseur avec son ou ses partenaires et avec l'environnement (le sol, l'espace, la gravité, etc.).

A partir d’expériences basées sur le poids du corps et la conscience de sa respiration nous  visitont  les mouvements. Chacun peut faire de ses mouvements une relation  avec l’apesanteur  et avec son poids, sa force, sa souplesse .Tous les mouvements sont acceptables quand ils sont précis  dans leurs formes, leurs trajets, leurs directions.

Un corps qui a peur rencontre des difficultés d’expression. Alors qu’une personne en confiance va pouvoir s’extérioriser.

Une personne agressive a souvent peur.

Une personne timide a souvent peur.

Une personne inhibée a la peur au ventre.

Et bien des mécanismes relèvent  de cette crainte de l’autre envers soi-même.

Une personne  sourde et aveugle peut être rassuré à évoluer dans un lieu sécurité. Sa tranquillité peut s’installer grâce  à  un groupe  agréable et alors  sourires et inventions peuvent apparaitre.

 La  crainte d’être grondé où de ne pas répondre à la demande engendre des impossibilités. Mais lorsque le contexte est favorable au respect de la personne, la place à l’intuition et à la perception peut produire d’admirables créations de gestes.

C’est ainsi qu’une danse peut exister entre partenaires.Ce dialogue devient une expérience riche de plaisir, de liberté et de développement personnelle. Notre identité est sans cesse en évolution et notre   représentation  de soi  demande toujours un certain nombre d’expériences positives et d’éprouvés heureux.

 Pour donner un exemple, nous avons eu  dans un groupe un jeune garçon, il y a de ça déjà quelques années, un élève sourd aveugle   qui souhaitait découvrir la danse. Sa pratique sportive antérieure avait été le judo ainsi quand il arrivait dans la salle il se conditionnait à faire des pompes et des exercices de musculation  intensifs. C’était donc une surprise pour lui qui était déjà tendu, que nous lui demandions de se coucher pour se détendre et de travailler avec souplesse son corps. Au début une totale incompréhension s’est ’installée, puis au travers de jeux corporels, le contact établit c’est l’invention qui a ouvert la porte à la découverte de sa liberté intérieure. Ce garçon  qui avait de gros problèmes psychiques compte tenu de son histoire appréciait l’activité danse  et nous a fait  découvrir son humour. Il savait très bien faire le clown et montrer une face très drôle de sa personne.

Qui peut prétendre connaître l’autre ?

 Surprenant de creuser dans les ressources profondes de quelqu’un.

 C’est toujours avec surprise que l’on découvre au détour d’un chemin l’inconnu de l’autre.

Peut-être que notre travail réside juste dans le fait de mettre en confiance.

Quand après quelques traces de pas … le corps et le cœur s’ouvre et libère ses secrets d’indicibles.

Une sombre saison laisse place aux sourires d’un visage……………….

 La cause des enfants

" Si la faim dans le monde, la guerre, l'exploitation de la main d'œuvre, la prostitution, les trafics en tout genre touchent les hommes les plus vénérables, c'est à dire que l'enfance est la moins épargnée par ces fléaux.

La frontière entre les enfants nantis et les déshérités, les gâtés et les écrasées est arbitraire et trompeuse. Recherchons le dénominateur commun de l'enfance : le bien nourri pas plus que le mal logé, le scolarisé, le petit champion pas plus que le petit esclave, n'est traité comme une personne. Le sort qui est réservé aux enfants dépend de l'attitude des adultes. La cause des enfants ne sera pas sérieusement défendue tant que ne sera pas diagnostiqué le refus inconscient  qui entraîne toute société à ne pas vouloir traiter l'enfant comme une personne dés sa naissance, vis-à-vis de qui chacun se comporte comme il aimerait qu'autrui le fasse à son égard.

Chaque être humain est à la fois semblable et différent de ses congénères. Bâti sur le même modèle, il est pourtant unique dans sa forme physique grâce à un génotype qui lui est personnel. Il existe dans une société qui possède une culture et une histoire. Mais il appartient à une famille qui lui transmet « son histoire » sur laquelle se greffe la sienne propre. Ce qu'il vit, ce qu'il ressent, ce qu'il exprime, vient des diverses expériences qu'il a vécu et vit à chaque instant.

Qu'est ce qui peut révéler les véritables perceptions, sentiments connaissances de l'enfant de moins de dix ans ? Des tests ? Des entretiens ? Jusqu'a quel âge il adopte ses réponses à la demande de l'adulte ; il limite volontairement, où il se laisse enfermer dans un mimétisme inconscient. Ses interlocuteurs décodent son langage selon leurs propres critères, références et étalons. Ils le récupèrent en voulant déceler à tout prix un don, un traumatisme, un emploi possible dans la société. »

 « Peut-être est-il le medium de la réalité. Il est en prise directe avec une réalité essentiel d’adultes, nous ne le saisissons plus que déformée à travers métaphores et symboles selon notre un système de conventions. Percevrait-il la réalité de notre réalité ? C'est plus qu'une hypothèse. Dés les premiers mois de la vie, il n'a pas la réflexivité; mais au cours de son devenir, il va réfléchir son intelligence: pour cela il lui faut des objets. Il peut aussi rayonner son intelligence où encore la mettre sous le boisseau si par son intelligence, il est victime de la vision que les autres ont d'elle.

Ce sont en effet les enfants intelligents précoces  non considérées comme tels  c'est- à dire interlocuteurs valables méconnus qui faute d'objets langagiers, d'échanges substantiels sensoriels où substituts sensoriels, sons, formes, paroles, musique, jouets, mouvements à partir de quelques mois, apparaissent arriérés, psychotiques, autistes. Leur fonction symbolique, le langage du cœur n'a pas été intégré aux échanges corps à corps nécessaires à la survie physique.

Survivre : C'est l'épreuve du premier âge, même pour nos enfants dont le développement physique n'est plus menacé. Si ceux -là ne risquent pas de mourir de faim, de guerre ou de drogue, ils ont tous un combat singulier à mener contre la maladie mentale induite par leurs proches."

C'est bien ce qui nous réunit, la cause des enfants et l'aide à leur développement le plus harmonieux.                                                                             " Françoise Dolto "

   Ce texte choisi démontre bien ce dont nous souffrons dans notre Humanité

 Ces enfants empêchés par leur handicap n’ont pas choisi leur parcours, laissons les à présent choisir leur activité parmi certaines proposées afin qu’ils deviennent acteurs de leur vie.

 Et dans ces activités donnons-leur les moyens de s’exprimer librement avec leur expression à eux avec leur émotion personnelle et leur sensibilité sensorielle.

L’acte vrai donne la profondeur de l’âme.

La danse redonne forme à une expression singulière, elle en dit plus sur le sujet qu’il n’est  capable d’en dire avec les mots.

Authenticité et vérité  naissent des corps abîmés lorsque surpris nous les regardons avec un  regard neuf.

 

 

 

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